Sans titre
Poudre de marbre, mine de plomb, encre et cire – Luc Detot
Luc Detot affronte sans détour ni ironie la question de la peinture à travers celle du corps, de ses limites ou de ses restes. Il pose à sa façon la question de la survie de la peinture et de sa capacité à surprendre. Il ne se dérobe pas au combat à mener sur le terrain, loin des artifices et des simulacres.
Ce terrain, c’est bien sûr celui du tableau, de l’acte pictural mais aussi celui du corps, morcelé, fragmenté, confronté à ses limites, à ses restes ou bien murmuré par de simples échos, d’énigmatiques objets. Mais l’insistance du corps ou de son souvenir, dans son éclatement même, ne peut être séparée d’un dépouillement qui donne aux images un pouvoir d’abstraction particulièrement incisif, une forme interrogative où la vraie nudité est d’abord celle de la peinture.
Tout ramène à la même évidence, celle d’une mise à nu douloureuse mais indispensable. Cette mise à nu n’est plus l’attribut de ce qui s’offre au désir mais devient plus essentielle, plus substantielle et intimement liée à la vie comme à la mort. La figure ici, ou ce qu’il en reste, toujours saisie dans la lucidité, est le lieu des inévitables désintégrations.
Si Luc Detot défie des certitudes, des assurances dans l’ordre coutumier des représentations, ce n’est pas pour revendiquer une quelconque audace mais pour exprimer cette existence incertaine, précaire mais incontournable des choses et des êtres. C’est dans l’épreuve de cette fragilité, de cette usure qu’il puise l’énergie susceptible de restituer autre chose que des faux savoirs.
