C’est la lecture d’un livre qui m’a conduite en Amérique centrale, là j’ai rencontré les femmes de la tribu Embera. J’ai été frappée par la beauté de leur art, un art singulier et méconnu.

Ma vie a alors pris un nouveau tournant.

Origines ancestrales de ce savoir-faire, rites magiques liés à la fabrication des masques… À l’exception de l’ethnologue français Michel Perrin avec qui j’ai travaillé dès le début de mon aventure, peu d’ethnologues se sont penchés sur la culture de ces petites tribus au mode de vie préservé et qui vivent au cœur de la jungle, en harmonie avec la nature.

Je recense actuellement également, avec l’aide d’un anthropologue d’origine indigène les mythes, légendes et rituels de la culture Embera.

Personne n’a jamais travaillé avec ces tribus, au cœur de la jungle d’Amérique centrale. Il s’agit d’une des régions les plus dangereuses au monde, inhospitalière et d’accès très difficile. La relation établie avec les tribus est donc extraordinaire.

Ne disposant pas d’atelier, ni d’intermédiaire, je me rends régulièrement sur place, je vis avec les artisanes, au sein même des familles, partageant leur quotidien.

Ce projet est totalement atypique, basé sur l’observation, le respect et l’échange, tenant à la fois du travail anthropologique et de la sauvegarde d’un patrimoine culturel.

Au fil des ans, cette relation hors norme a permis de développer une véritable collaboration.

Pas d’images, pas de croquis, car ils ne font pas partie de la culture Embera et les femmes ne savent pas les interpréter, mais des mots, des échanges et une grande compréhension mutuelle.

On parle de rêves, de mythes, d’esprits malins, de l’esprit de la rivière ou de celui d’un disparu.

Chaque pièce vendue est non seulement la reconnaissance d’un incroyable savoir-faire, mais contribue aussi au maintien de ces femmes et de leurs familles dans leur habitat traditionnel, loin des grandes agglomérations.

Après avoir permis de faire perdurer et mettre en lumière un savoir-faire méconnu et menacé, cette collaboration hors norme permet dorénavant à des pièces d’art extraordinaires de voir le jour.

Les masques créés (en Palme et Osier) tiennent désormais à la fois, de la magie du rituel chamanique de ce peuple et de la création artistique que j’encourage en canalisant l’énergie de chaque artisane car je les connais toutes personnellement .

Je travaille sur les mythes, les rêves et l’inconscient collectif de ces tribus animistes.

Certaines artisanes ont un véritable don, don artistique et don de clairvoyance aussi.

Ce travail en osmose avec les femmes indigènes a permis au fil du temps la création de nouveaux coloris, nouvelles formes et dimensions. Ce sont des projets ambitieux pensés pour la décoration.

Ces masques sont de véritables œuvres d’art, à mi-chemin entre l’art moderne et l’objet rituel.

Il y a quelque chose de magique dans ce projet qui nous apporte au travers de chaque objet l’essence et la beauté d’un travail extraordinaire chargé de sens et riche de symboles.

Corinne Bally